Michel Boetsch

artiste plasticien.
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L’OISHOMME

L’OISHOMME

Quelque chose s’impose du silence du monde.

Quelque chose s’impose de la solitude.

Et autre chose s’impose dans ce silence, que j’ai mis du temps à cerner et que je serai tentée de dire comme la sensation de l’absurde.

Etre seule, en tête à tête avec un Oishomme renvoie d’une autre manière « d’imaginer Sisyphe heureux ».

Empruntons ces mots à Camus et imaginons l’Oishomme heureux…

Les ailes ligotées au corps, l’Oishomme se tient debout.

Il est là, hic et nunc, envers et contre tout, condamné à vivre dans les méandres de l’absurde, enchainé à sa condition.

Et pourtant, il est debout. Incroyablement digne. En pleine conscience de cette condition et s’il renonce à espérer, il ne renonce pas à vivre.

D’entrée de jeu s’impose la matière qui le façonne et que le Golem pourrait jalouser. L’Oishomme de par son essence appartient à l’ordre naturel.

Ceci le pose singulièrement dans une destinée qui rejoint celle du Golem: naître des quatre éléments inscrit d’emblée dans la vérité de l’ordre naturel et de la mort.

Tout est posé.

Il faut juste pouvoir l’entendre et accepter ce qui ne peut être changé pour reconnaitre le champ de ses possibles.

Appartenir à l’ordre naturel et en accueillir les contraintes par des prises de conscience constamment renouvelées.

Dépasser ainsi la vaine révolte contre l’absurde et prendre sa mesure dans son rapport au monde.

Cet engagement est le combat d’une vie.

Cet engagement est ce à quoi l’Oishomme nous invite.

Il est donc ligoté, lié à sa condition mais peut-être aussi à ses impossibles, à ses peurs, à ses lâchetés.
Il est ligoté mais sa tête est dégagée.

Et il peut donc lentement dépasser sa colère contre les pouvoirs opprimants et le leurre des idéaux allant des religions au nihilisme qui justifie le pire.

Le corps est ligoté mais il apprend peu à peu que le cœur, que l’esprit et que l’âme peuvent habiter le monde.

Et il arbore alors ce profil magnifique au port altier emmanché d’un long bec comme un signal silencieux de la révolte, un cri sans écho, bec fermé.

Parce que le for intérieur ne se crie pas.

Il est debout et se consacre au seul travail d’une vie : être-là le temps imparti au plus près de son exigence de sincérité avec lui-même, avec l’autre et dans l’altérité du monde.

Appartenir au monde pour « à part tenir » dans la pleine lumière de sa finitude.

Tenir sans arrogance mais avec l’élégante confiance que seul confère la beauté de ce qui s’accorde.

Il faut imaginer l’Oishomme heureux …Isabelle Schmitt

 

 

LIVRE DE JEAN-PHILIPPE PIERRON

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AVEC LES OISHOMMES – VOGEL MENSCHEN

Avec les Oishommes

Pour qui décide de s’arrêter au milieu des travaux de Michel Boetsch, lire les lignes  ci-après n’est pas indispensable. Pour une raison très simple : peinture et sculpture sont muettes, la seule façon de les rencontrer est de leur donner un silence pour qu’il y ait une promesse d’égalité entre les œuvres et ceux qui les  voient.  Dans l’intensité des deux silences peuvent passer l’émotion, le tournis, l’interrogation, le rire et l’apaisement, la crainte et le pire subitement. Ensuite, éventuellement, vienne les mots audibles du partage.

Une planète existe déjà, le jour et la nuit, les arbres, des semblants de tissages quand l’artiste créait les cabanes et les paquetages. Les passants ne surent d’abord s’il s’agissait d’abris ou de bric à brac de voyage car il n’y avait alentour, ni ermite, ni famille, ni chemins. Peut-être n’était-ce que des assemblages servant de repères à un cartographe au travail. Quels que soient leurs noms, les bâtis prirent place et durèrent en dépit des frimas été des canicules. Ne pas être négatif, les cabanes et les paquetages de Boetsch abritèrent plus d’un marcheur et les paquetages servirent. Ils ne disparurent que lorsque vinrent les oishommes.  Précision : disparaître ne signifie pas non être mais clairement ne pas être dans le champ de la vue. Certains affirmèrent que les cabanes servaient de gîtes aux oishommes mais que ceux-ci qui ne voulaient plus que leurs demeures fussent connues, d’autres pensèrent que les paquetages, inutiles pour le vrai voyage, avait été abandonnés au bord des routes ou qu’ils étaient en réserve au cas où. Ce sont des hypothèses plausibles d’autant que les oishommes ne précisent guère leurs paysages ou plutôt nous les laissent ébaucher, ils connaissent seuls leurs passages mais les brouille. Habillés souvent de mystères, ils ne se montrent jamais nus. Autre supposition : l’artiste en était au jour x + 3 de sa création et ne souhaitait désormais mettre en évidence que les vivants. Bien sûr, l’esprit chagrin soupirera que l’ordre était bizarre car d’ordinaire il faut des mains pour construire une cabane, pour remplir un paquetage, mais que l’on ne voyait pas. Zut, répondait l’artiste, mon plan vaut un autre et personne ne le décide hormis moi. Affirmation qui aurait de clore indiscutablement un faux débat, le créateur n’a pas à argumenter sur le bien fondé de ses choix. Comble de l’impertinence, on entend à présent des voix qui frétillent : qui ou quoi viendra après les oishommes ? Boetsch sourit silencieux. Ces brèves lignes pour évoquer le temps. Le présent est-il si difficile qu’il faille sans cesse le perdre ne songeant qu’au passé et qu’à l’avenir ? Les oishommes sont parmi nous, eux seuls se montrent aujourd’hui. Ne pas les voir, ne pas aller vers eux, c’est absent.

La lenteur est nécessité impérative. Ils ne sont pas des éclairs qui transpercent leurs supports, explosent leur matière, ils se tiennent debout, apparaissent. Si le passant ne leur accorde que le coup d’œil poli, attendons-nous à leurs réactions. Dans un bon jour ils gausseront et déploreront, tairont quelques piques ou seront las, dans un jour moins faste, ils s’entoureront de leur solitude sans désespérer.

Ne sont pas tracées les pistes obligées de la découverte, ni formulées des vérités premières qui donneraient compréhension, ni fourni le sésame magique. Je transcris les propositions d’un passant lambin qui aime, parmi les inconnus dans des paysages neufs, d’abord se sidérer puis tenter la rencontre. En prenant le temps, en acceptant la présence de l’étrange étranger qui dérange, trouble, vous ferez c’est certain d’autres propositions.

Texte: Michel Boiron

atelier nouveau altkirch

ALTKIRCH BOETSCH PALACE

« Il était une fois… »

Peintures réalisées sur des collages d’affiches du cinéma,

le PALACE d’Altkirch,

le cinéma  de mon père.

Affiches des Années 1960 à 1980

Taille 160cm x 120cm
cinema

UNE ILE

kopf vogel