ILS SONT DEUX, ILS SE PARLENT PEUT-ÊTRE…
Pendant que le plasticien emballe, la machine créatrice s’emballe dans un jeu de maux déchirant. La Menace gronde à l’intérieur et perce l’enveloppe. De la matière empaquetée émerge une sorte d’appendice indéfinissable. Cette saillie endogène telle une maladie idiopathique apparaît en 1991, date fondatrice, à Draguignan. Elle bouleversera la démarche créatrice qui consistera à extirper cet Autre jusque là inconnu ; niché dans le for(t) intérieur, il semble vouloir tenir un siège durable tout au fond de soi. L’«haltère ego » protéiforme et nuisible est un poids dans la conscience entravée de l’artiste. Une masse homogène constitue le corps monolithique que surmonte ce qui ressemble tour à tour à une tête d’oiseau au bec aiguisé et affûté, à un masque larvaire, oblong, du carnaval de Bâle ou à la lame arquée d’une faux -allégorie de la Mort ?- . Cette déclinaison de la représentation du « non humain » impose durablement la thématique de l’Espace liée à celle du Temps.
Extrait du texte de Philippe WEIGEL